Pour la première fois depuis leur mariage, Léonie se leva avant son mari qui cuvait son vin à ses côtés en ronflant bruyamment. Elle ne savait pas si elle devait se fâcher ou s'attendrir de cette situation. Pour la première fois, il lui apparut vulnérable. Était-ce dû à cette mèche fauve qui lui barrait le front ? Ce bras qui pendait mollement hors du lit ? Ou ce caleçon qui s'était malencontreusement ouvert sur l'arrière, révélant la partie la plus charnue de son individu ? Ses yeux revenaient sans qu'elle le veuille à ce morceau de chair rebondi, aussi tentant qu'une belle pomme à croquer.
Elle se rapprocha du lit, s'agenouilla à hauteur de son visage qu'elle contempla attentivement. Même privé de son magnifique regard pers, les traits ne perdaient rien de leur beauté, paraissant juste plus virils qu'à l'ordinaire. Elle cueillit entre les siennes la grande main meurtrie de cals qui pendait dans le vide, la porta à ses lèvres. A cet instant, elle avait envie qu'il s'éveille, juste pour avoir le plaisir de sentir peser sur elle son regard bienveillant.